J’ai eu le plaisir de participer à un voyage d’études d’une semaine au Schumacher College avec un groupe formidablement stimulant dans lequel nous étions quelques facilitateurs. Ce voyage allia magnifiquement inspirations, lenteur, beauté et profondeur.
Avant d’en venir aux enseignements de ce voyage d’étude vue par un facilitateur, quelques mots sur le lieu.
En mémoire de Ed Schumacher, l’auteur de l’ouvrage Think small is beautiful, le College qui porte son nom est un haut lieu de l’activisme en faveur de la paix et de l’écologie, où les professeurs les plus inspirants partagent leurs connaissances et leur vision dans des cycles d’études d’une semaine à une année. C’est aussi et surtout un lieu de vie, de rencontres et de gestation pour ceux qui y passent.
Le Schumacher College présenté par son fondateur Satish Kumar et quelques uns des professeurs :
https://www.youtube.com/watch?v=94WLsfe9Cfo
Alors venons en maintenant aux observations et aux enseignements du facilitateur tirés de cette expérience.
1/ Des enseignements « facilitants »
Ceux qui enseignent au Schumacher College sont des autorités internationales dans leur domaine et pourtant quelle discrétion ! Dans leur pédagogie, leur manière d’être avec les élèves, les équipes salariés et bénévoles sur place, les enseignants sont dans une remarquable posture facilitante. Et les techniques pédagogiques qu’ils emploient le sont tout autant. Le corps en mouvement, l’usage des espaces extérieurs, le cercle, la musique, la danse, le chant, l’usage des mains, le stroytelling, les métaphores visuelles, sont quelques unes d’entre elles. Mises bout à bout, ces moyens pédagogiques ont leurs effets. L’appropriation est intégrale.
Je pense que comme tous les autres membres du groupe, je garderais pour toujours graver dans ma mémoire cette marche de 4,6 kilomètres commentée par Stéphane Harding. Un voyage à travers les 4,6 milliards d’années d’histoire de notre planète terre. Magnifiquement renversant !
Dernier point sur les enseignants, j’ai été touché par leur capacité à garder espoir en l’avenir malgré la gravité de la situation. Ils gardent la foi en un monde meilleur grâce à leur activisme qui leur permet entre autres choses de constater que nous sommes chaque jour plus nombreux à œuvrer à un avenir plus soutenable pour l’environnement et l’humanité.
Le facilitateur ne fait pas exception à cette communauté de « conspirateurs positifs » – nous oeuvrons malgré nous et nos clients à modifier le rapport au pouvoir : une étape nécessaire pour une coopération accrue au sein des communautés humaines et entre elles.
2/ Le lieu, son organisation et sa vie communautaire cohérents avec l’intention portée par le Schumacher College
Un vieux manoir à la Harry Potter entouré de potagers en permaculture, de forêts et de lieux chamaniques ; une bibliothèque qui ferait presque rougir le centre de documentation de l’Ademe ; une grande salle de travail avec vue sur un jardin typiquement anglais. Bref, un lieu onirique !
Toutes les personnes qui passent au Schumacher College deviennent dès le premier jour des contributeurs à la vie communautaire du lieu. Rapidement, nous nous sommes retrouvés associés à la préparation en cuisine des succulents mets végétariens, à la vaisselle, au nettoyage de la salle à manger, à la préparation du petit déjeuner et aussi à l’entretien du jardin. C’est ainsi que nous en venons à découvrir de manière inattendue les mains dans la vaisselle, le projet passionnant d’un étudiant en réalité virtuelle, ou encore le destin non moins fascinant d’une religieuse en exploration.
La connexion du matin résume toute l’attention qui est portée à cette vie de groupe : les annonces spéciales du jour (anniversaire, conférence, arrivée, départ, etc.), l’agenda du jour de chacun des groupes d’études, les inspirations de ceux qui voudraient le partager au reste du groupe (un poème, un chant, une demande, etc.), le rappel des tâches « ménagères » de chacun, etc. C’est un temps de connexion du groupe essentiel, qui tourne parfois aisément au temps de communion.
Le rythme et l’organisation de la vie au Schumacher College procure un sentiment de grande cohésion, de communion, serais-je tenté d’écrire, en cohérence parfaite avec les enseignements distillés.
Je garderai là aussi en mémoire la posture de la personne en charge de la logistique du lieu : une qualité de présence, une vigilance de tous les instants, une discrétion sans pareil avec toujours un sourire au bon moment.
Le lieu et ceux qui y vivent conspirent à nous inclure et à nous rendre présents à nous-mêmes. Simplement touchant !
Nous touchons ici la quintessence de la facilitation : inclure, permettre à chacun de prendre sa place, en respect de celles des autres et créer les conditions du passage à l’acte collectif.
Je finirai ce passage en soulignant le projet d’un ancien étudiant du College, qui à deux pas à construit un centre de conférence nouvelle génération, c’est à dire avec un très faible impact sur l’environnement. Quelques photos ci-dessous. J’adore !
3/ Le groupe
Il y a des groupes qui paraissent complètement improbables. Celui que nous constituions en faisait partie. 25 personnes, change makers affirmés, avec des parcours incroyables dont ces quelques mots clés illustrent certaines de leurs facettes:
RSE, Economie sociale et solidaire, minfdullness, yoga, startup, prospective, facilitation, films documentaires, permaculture, deep écologie, TV show, rock’n’roll, châteaux, tiny house, bouddhisme, chamanisme, dauphins, Mexique. Sans exagération, je crois pouvoir dire que nous formions un équipage haut en couleur !
Jamais un tel groupe ne se serait constitué sans les efforts constants et généreux d’Olivier Maurel, l’initiateur de ce voyage d’études, qui avait lui-même déjà été touché par la magie du Schumacher College. Le groupe était à l’image de ses qualités : curiosité, visionnaire, intelligences. (voir détails du programme et membres de l’équipage ici).
Quand les spectateurs sont bons, le spectacle l’est au moins autant !
Le facilitateur ne fait évidemment pas tout. Le groupe, sa diversité, sa maturité, sa capacité à parler vrai, son engagement ont un impact considérable sur la coloration de la rencontre.
Et en ce sens, qui mieux que l’initiateur du groupe peut parvenir à mobiliser les bonnes personnes ? C’est l’une de ses responsabilités.
En conclusion, ce voyage d’études au Schumacher College illustre à bien des égards la puissance de la cohérence d’un lieu et de ceux qui l’habitent. Quand tout conspire à incarner une intention, cette dernière irradie sans effort. Puisse l’intention d’un nouveau monde plus soutenable, plus respectueux de la vie, irradie ainsi.
Autres ressources :
Vidéo sur l’expérience du Schumacher College
Articles par d’autres membres du groupes sur notre voyage d’étude :
- Ma lettre à Gaïa de Marianne
- French Connexion at Schumacher College d’Emmanuelle Roques
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