Souvent, on me demande si je ne suis pas fatigué à la fin de mes animations. La réponse, qui semble étonner certains, est non. Bien au contraire, je me sens le plus souvent en pleine forme, complètement dopé par le groupe, sa dynamique et son élan. Sans doute avez-vous, vous aussi, observé cela.
Comment expliquer cet afflux d’énergie après un travail de concentration intense ? Et comment expliquer pourquoi, parfois, l’énergie n’est-elle pas là ?
Le modèle de Caroline Durand sur la dynamique de l’intelligence collective en émergence donne une réponse tout à fait pertinente à ces questions.
Caroline a mené de nombreux entretiens pour capter le vécu individuel et collectif d’un atelier de création sur le thème du changement émergent et de l’intelligence collective (incluant notamment un Forum Ouvert). Et en s’appuyant sur les théories existantes d’Otto Scharmer (Théorie U), de David Bohm (le Dialogue) et de Pierre Lévy et George Por (intelligence collective), elle a formulé les étapes qui conduisent un groupe à ce stade d’énergie rayonnante.
Tout commence par l’intention source (la raison d’être de la rencontre), qui créée l’ouverture et conduit à un certain état de présence de chacune des parties impliquées. Ainsi naît un véritable dialogue, source de collaboration, qui entretenu, tend à relier en profondeur les participants. Ce sont ces liens tissés qui alimentent en énergie le groupe.
La vidéo explicative ci-dessous :
Ces étapes m’ont paru absolument manifestes et indissociables. Imaginez un instant faciliter une réunion alors même que l’intention de la rencontre ne serait pas totalement claire. Imaginez faciliter un brainstorming sans laisser les participants pouvoir préalablement se présenter ou échanger entre eux. La réussite serait bien improbable. En outre, même si le franchissement de ces étapes peut être rapide, il n’en demeure pas moins qu’elles sont toutes utiles pour un résultat optimum ; l’enchaînement observé me semble là encore très pertinent.
Enfin, dernière remarque, une fois arrivé en haut de la spirale, il serait dangereux de vouloir se reposer sur ses lauriers, car le souffle peut retomber tout aussi vite qu’il est monté ; il s’agit d’entretenir la dynamique en continu. Tout un savoir faire en perspective …
Attendons maintenant la publication des travaux de notre cousine québécoise pour mieux comprendre les conditions de réussite du passage de chacune de ces étapes et mieux cerner les moyens d’entretenir la dynamique.
En attendant, je vous souhaite plein d’énergie collective.
😉
Débutant dans l’activite de facilitation, je partage complétement ce ressenti. A l’issue d’une reunion, m’ayant permis d’exercer en tant qu’animateur, je suis le plus souvent rempli de l’energie que les participants m’ont transmit
Merci pour ton partage Jean.
Connaissant ta motivation et ton fort désir de pratiquer, tes progrès sur un an et demi ont dus être fulgurants et je ne suis pas surpris des résultats que tu observes.
C’est justement ce sentiment d’évidence qui me laisse croire à la justesse de ce modèle.
A très bientôt,
Belle lecture des processus d’intelligence collective. Et bon point de repère lorsqu’évenetuellement on se perd un peu ! Ca permet de remettre le cadre nécessaire en tant que facilitateur pour favoriser au mieux la créativité dans le collectif.
En effet chère Corinne, c’est aussi l’intérêt d’une telle grille de lecture ! Ceci dit, lorsque l’on se perd un peu, ce n’est jamais que pour mieux se retrouver 😉 Le chaos, contrairement aux idées reçues, est toujours fécond.
J’en profite pour partager un passage du mémoire de Caroline Durand qui présente de manière plus concise ce déroulé. Merci à elle de nous de permettre d’en profiter :
« L’intention représente une forme de volonté qui se construit collectivement grâce à une ouverture. L’ouverture représente l’expression d’un discours vrai, authentique. Dans le cas présent, elle apparaît comme une valeur portée par l’individu ou qui se développe, et qui le guide vers l’autre, lui permettant d’aller à sa rencontre pour échanger avec lui. L’ouverture est aussi quelque chose qui se préserve de différentes façons, par exemple avec des activités ludiques et créatives. L’ouverture implique d’être soi-même, authentique. Cela est aussi lié à un état de présence, c’est-à-dire à une grande qualité d’écoute et d’authenticité qui se rapproche du silence et qui implique un moment de prise de conscience. Le fait de se laisser aller et de se défaire de ses inhibitions permet de se sentir plus léger et en paix avec soi-même et avec l’autre. L’état de présence est nécessaire pour se camper par rapport à une situation, faire le vide et appréhender la suite. Par ailleurs, cet état de présence devient une condition au dialogue, vu comme un processus complexe de réflexion individuelle et collective. Le dialogue constitue également un important tremplin vers la collaboration qui est un processus d’interactions, de même qu’un alignement entre des intérêts individuels et collectifs. La collaboration est un processus à travers lequel des individus s’ouvrent les uns aux autres, s’écoutent et se font confiance dans un contexte qui offre une liberté de penser et d’agir. Elle existerait à partir du moment où les individus développent un lien puissant qui s’explique notamment par le concept de reliance, étudié par Morin. Ce concept représente les liens ouverts et perceptibles qui existent entre les êtres humains, donnant naissance à la relation. C’est ensuite grâce à l’énergie ressentie que l’on peut entrevoir quelque chose de plus grand que l’individu et que la somme des parties du groupe, une sorte d’état collectif qui apparaît comme une source d’inspiration ayant le potentiel de soutenir les futures actions de collaboration. De là peut émerger une forme d’intelligence collective. »
Très intéressant votre blog et cet article en particulier!