J’ai reçu la semaine passée un email d’une amie me demandant avec à peine plus de détails : peux-tu me conseiller un bon icebreaker pour une réunion d’une quinzaine de personnes ?
La question m’a laissé quelque peu perplexe ; elle laissait supposer qu’il existait sûrement d’excellents icebreakers appropriés à quasi n‘importe quelle situation.
En fait, un icebreaker est bon quand il est adapté au contexte, en particulier :
-
l’objet de la rencontre (teambuilding, résolution de problème, créativité, prise de décision, retour d’expériences, présentation, etc.)
- le thème abordé lors de la rencontre (design produit, communication, stratégie, etc.)
- la composition du groupe (nombre, âge, statut, parité)
- le temps disponible (5’ pour les plus courts, 30’ pour les plus longs)
- l’espace disponible (taille et disposition de la salle, mobilité du mobilier)
Je préconise également d’éviter les icebreakers qui conduisent à faire dire une pensée ou des mots d’une personne par une autre personne (les présentations croisées par exemple). Le reste du groupe tend à associer les mots avec la personne qui les a prononcés. Ils peuvent en outre créer un sentiment d’inconfort ou de frustration : « vais-je me rappeler de tout ? », « zut, je ne sais plus », « je n’ai jamais dit cela !! » …
Le meilleur icebreaker ? C’est celui dont les participants ne pensent même pas qu’il en soit un. Il est vécu comme une partie intégrante du processus et comme une évidence par rapport au sujet qui nous réunit. Après coup, il est jugé absolument nécessaire et aurait manqué s’il n’avait pas été là. Quand vous obtenez un tel résultat, vous pouvez être certain d’avoir bien choisi votre icebreaker … mais pour ce contexte-ci seulement.
Pour continuer la petite histoire de mon amie. Voici ce que j’appris ensuite :
– Le groupe est composé de collègues répartis sur plusieurs pays
– Ils ont chacun une grande autonomie et sont peu dépendant des autres
– Ils se réunissent une fois par trimestre
– Entre chaque réunion, ils communiquent peu entre eux
– L’objectif de ces réunions est de favoriser la communication et renforcer la cohésion au sein de l’équipe
Voici donc l’icebreaker que j’aurais utilisé et que j’ai conseillé à cette amie. C’est inspiré d’une approche conçue par ICA (merci Lan !) et personnalisé par mes soins :
Je dresserais sur un mur de la salle une échelle de temps (ligne horizontale tournée en direction de la droite, symbolisant les 3 mois passés et les 3 mois à venir et dessinée sur 3 feuilles de paperboard alignées dans le sens horizontal). Le groupe pourrait (en fonction de l’espace) être disposé debout en demi-cercle face à cette ligne. Je donnerais ensuite à chacun 3 larges post-it (un de couleur orange, un vert et un jaune).
Sur le post-it orange, j’inviterais les participants à écrire un mot clé symbolisant le moment le plus difficile vécu au cours des trois derniers mois (par exemple : renégociation fournisseur, déplacement à Abidjan, déménagement des bureaux). Sur le post-it vert, un mot clé pour exprimer le meilleur moment au cours des 3 derniers mois. Sur le post-it jaune, un mot clé pour décrire l’événement sur les 3 prochains mois attendus avec le plus d’impatience.
Chacun serait invité ensuite à venir présenter brièvement ses post-it orange et vert en les collant sur l’échelle de temps (au moment approximatif de l’évènement). Puis une fois tous passés, ils présenteraient leur post-it jaune en l’ajoutant sur la période des 3 mois à venir.
Je finirais enfin par un cercle de parole en l’ouvrant par cette question : « Par rapport à ce court atelier, auriez-vous des remarques, observations, questions, surprises ou autre chose à partager avec le reste du groupe ? »
Quel est l’intérêt de chacune de ces étapes ?
Le partage des aspects difficiles (post-it orange) faciliterait l’expression d’un certain soutien moral entre les membres de l’équipe. Les aspects positifs (post-it vert) permettraient de partager les satisfactions et les avancements heureux vécus par chacun d’entre eux. Les post-it jaunes favoriseraient l’entre-aide au cours des 3 prochains mois.
Enfin, les feedbacks qui ressortiraient tout à la fin de l’exercice pourraient non seulement renforcer les aspects ci-dessus, mais aussi inspirer l’agenda d’une prochaine réunion.
Bonjour Jean-Philippe,
En effet, l’icebreaker que tu as préconisé en fonction des spécificités de la réunion et de l’équipe, a répondu très efficacement à mes attentes et à nos attentes à tous.
A vrai dire, j’ai choisi d’utiliser cet exercice non seulement comme icebreaker mais aussi comme un exercice de teambuilding afin de favoriser les échanges entre nous mais aussi de comprendre le rôle de chacun. Nous sommes une équipe de consultants dispatchés chez les clients, il est donc parfois difficile de communiquer ou d’avoir une cohésion d’équipe.
Il aurait été très simple de demander à chacun des participants de se présenter et de présenter en quelques mots son rôle ou sa fonction, mais qu’en aurait-on retenu? Au travers de cet exercice, nous avons pu découvrir le participant dans son quotidien. Il s’agissait de « lui et ses perceptions » et non plus de « lui et son rôle ».
En conséquence, l’auditoire était tout ouïe, attentive, prête à sourire ou à relever un point en commun ou une information inattendue. Le feed-back a été très positif, tout le monde a trouvé l’exercice très intéressant et « entertaining ».
Comme tu le conseilles si bien, il revient à l’animateur de présenter l’exercice comme il veut en fonction de la situation, des gens et des moyens. Par exemple, je n’avais pas de grand tableau pour tracer une échelle de temps, je leur ai donc fait coller leurs post-it sur une armoire à 3 portes (belle coïncidence et beau symbole!): chaque porte représentait chacun des moments (le difficile, le meilleur et celui à venir).
Je recommande cet exercice. Prévoir 30 à 45 mins pour 15 personnes, chacun doit pouvoir venir coller son post-it en nous racontant sa petite histoire.
Merci pour tes précieux conseils.
Malika Remili
Procurement Manager, BuyingTeam, London
Pour ceux qui souhaitent un grand choix d’icebreakers, je recommande l’achat du livre « The Big Book of Icebreakers » de l’auteur Edie West. 65 exemples d’icebreakers au total rassemblés par catégories (réunion d’équipe, fun, grand groupe, team building, etc) et une matrice plus fine et très aisée d’usage figure en début d’ouvrage.
Si vous souhaitez d’autres exemples d’icebreakers immédiatement. Voici deux liens intéressants. Les icebreakers proposés sont inégaux ; à vous de faire votre choix en fonction de votre contexte 😉
http://www.mindtools.com/pages/article/newLDR_76.htm
http://www.reproline.jhu.edu/english/5tools/5icebreak/icebreak2.htm