Pour permettre la pérennité de son action, le facilitateur doit s’assurer de l’adhésion consensuelle du groupe au résultat élaboré. Le facilitateur est alors confronté à un dilemme : il doit faire émerger un consensus sans provoquer ni l’appauvrissement des échanges ni la résistance d’une minorité et encore moins le statu quo. D’après mon expérience, ces effets nuisibles sur la progression du groupe sont la conséquence de la recherche d’un consensus absolu ou un consensus à la majorité.
Consensus absolu : le point de vue de chacun est pris en considération dans la décision finale
Face à la perspective d’un tel consensus, la peur de ralentir le groupe et d’entraver l’accord final peut générer l’autocensure de certains membres du groupe de travail. Et si les exigences de certains pour adhérer sont librement exprimées, elles peuvent alors être perçues par d’autres comme des fantaisies ou des tatillonnages stériles et lasser une partie du groupe, voire casser la cohésion du groupe et stopper sa dynamique.
Le consensus absolu rime le plus souvent avec statu quo ou une perte qualitative sur les idées retenues. A vouloir faire adhérer tout le monde, soit le groupe s’immobilise, soit il réduit l’ambition de ses idées et par voie de conséquence, la portée de celles-ci.
Consensus à la majorité[1] : au moins la moitié du groupe est d’accord
Face à la perspective d’un consensus à la majorité, l’appréhension de ne pas faire partie du courant majoritaire peut soit exacerber l’expression des objections, soit anéantir tout désir d’exprimer son point de vue différent (autocensure). Il sera schématiquement utilisé dans le premier cas le terme de résistant au changement et dans le second cas, le terme de consensus mou.
Le consensus à la majorité génère une frustration plus ou moins grande au sein de la minorité[2]. Cette minorité s’activera ultérieurement à faire entendre sa voix par d’autres biais et dans d’autres espaces. Ce sont évidemment des freins chronophages et énergivores dans la mise en œuvre des décisions actées par la majorité.
Alors, la recherche de consensus est-elle un piège ?
Le plus souvent, oui, pour les raisons exposées ci-dessus.
Une des solutions pour pallier ces écueils consiste à construire et à consolider le consensus petit pas par petit pas. L’implication en amont, la clarification concertée de l’objectif et du sens donné à la démarche, la construction d’un climat de confiance par l’exemplarité, la focalisation sur les points de ralliement ou encore la validation de chacune des micros étapes du processus collaboratif, sont autant de pistes qui permettent cette construction étape par étape d’un consensus final.
Un bon consensus n’est que le de fruit de nombreux petits accords.
Evidemment, vous avez le droit ne pas être d’accord avec ce que j’écris là.
😉
[1] Des variantes sont possibles comme le consensus au plus grand nombre ou consensus à la majorité majorée (60% des voix ou plus encore)
[2] En politique, on appelle d’ailleurs la minorité l’opposition
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