Les démarches de vision partagée

Conférence participative à distance avec Meryem Le Saget

« Déjà 10 ans d’échanges construits et nourris avec toi Meryem ! » déclare Jean-Philippe Poupard, fondateur de Formapart, pour introduire la conférence participative à distance avec Meryem Le Saget sur les démarches de vision partagée. Formée aux Etats-Unis à la facilitation, Meryem Le Saget est aujourd’hui consultante ; elle accompagne des entreprises, de tailles variées et de secteurs différents, sur la cocréation de leur vision partagée. 

Pour Formapart, le but de cette conférence est d’apporter de la matière à sa communauté pour continuer de s’enrichir durant ce confinement ; aujourd’hui il est question des démarches de vision partagée. 

D’après Meryem Le Saget, la caractéristique de toute vision, quelle que soit la taille de l’organisation, est qu’elle représente une image idéale du futur désiré par l’entreprise. La vision répond à « Qui veut-on être à 5 ou 10 ans ? ». Une démarche de vision partagée revient à imaginer ce monde futur en impliquant les principales parties prenantes de l’entreprise. Il s’agit d’un processus, et non d’un résultat coulé dans le marbre, où l’on se projette ensemble dans le futur pour l’éclairer et le préciser. Si beaucoup de visions se font sur 5 ou 10 ans, il n’est pas rare que de grands groupes veuillent se projeter à 20 ou 30 ans. Cela dépend bien sûr de leur activité. 

Une vision est co-créée par l’ensemble des parties prenantes

Premier enseignement de cette conférence participative : une vision partagée est une vision co-construite avec l’ensemble des parties prenantes d’une entreprise. Autrement dit, avec les collaborateurs, les partenaires et les représentants de l’écosystème. Une vision est tournée vers le futur. Elle a la fonction de rassembler les personnes autour d’une aspiration profonde et partagée, contrairement à une profusion de notions voisines autour desquelles règne souvent une certaine confusion. Ambition, mission, finalité, raison d’être, projet d’entreprise, ADN, identité, Why, … Dans cette série de vocabulaire, chaque notion a des fonctions particulières, et un horizon temporel différent, souvent tourné présent/passé, ou présent/futur rapproché. Toutes ces notions ont leur place dans une réflexion d’entreprise, on les explore bien sûr dans une démarche de vision, mais aucune n’équivaut à la vision elle-même. Une méthode de vision partagée induit de cocréer ensemble une image désirable de « qui l’entreprise veut être» en se projetant à long terme.

Avoir une même vision permet de stimuler l’engagement et de donner à tout le monde une représentation commune du futur désiré, ce qui limite les risques d’interprétation individuelle de la destination que l’entreprise a choisie. Les visions permettent également d’innover, d’inventer de nouveaux business models ou de transformer la culture de management. Meryem Le Saget insiste : « c’est cette carte commune qui permet d’avoir confiance dans les autres, parce que la clarté est présente et partagée ». 

La profondeur d’une vision dépend de la manière dont celle-ci est construite

Il existe différents types de vision : est-ce une vision personnelle du leader ou bien est-elle construite avec l’aide de son entourage ? La vision est-elle travaillée en collectif par l’équipe de direction soudée autour du dirigeant ? Est-elle élaborée de façon participative avec un échantillon de collaborateurs ou bien est-elle co-créée par tous ?

Dans ce que l’on appelle une démarche profonde de vision partagée, l’ensemble de l’entreprise est engagé. Mais je suggère de commencer la co-création par des expériences transformatrices. Par exemple des expériences destinées à mieux comprendre la réalité d’aujourd’hui, les clients, le marché, l’environnement, la concurrence. Explorer aussi les tendances du futur afin de ressentir à quoi ressemblera demain. « Sans ce travail de préparation, on risque de reproduire la même chose qu’aujourd’hui en un peu mieux » prévient Meryem Le Saget. Il faut un véritable changement de niveau de conscience pour créer une vision innovante.

Créer une démarche de vision partagée, suppose donc bien d’aller voir en dehors de soi : « c’est mettre de l’air dans le système, élargir l’horizon, rechercher ce souffle. Ces expériences d’ouverture ébranlent les convictions et les habitudes. Et progressivement se créent de nouvelles façons de penser ». C’est en cela qu’une vision partagée peut être définie comme un futur désirable par tous. « Une démarche de vison partagée est un profond voyage au cœur d’une organisation afin de faire émerger ce vers quoi elle veut aller, ensemble». 

« Une vision c’est un lien entre les aspirations les plus profondes d’un collectif et l’action quotidienne de chacun » 

Nota bene : « Une vision réussie comporte toujours une phase de mise en convergence entre la vision partagée et le plan stratégique » ajoute Meryem Le Saget. Il ne peut y avoir d’un côté une vision co-construite par tous et de l’autre un plan stratégique et financier qui décrit d’autres priorités. Car à terme, ce sera le plan financier qui va piloter l’ensemble. Il y a un travail à mener avec l’équipe de direction pour faire en sorte que les deux se rejoignent.  

L’occasion de vivre une facilitation à distance 

Cette conférence participative est l’occasion pour Formapart de faire vivre aux participants (115 connectés) la facilitation à distance et l’échange en sous-groupes. Un premier échange en sous-groupe de trois, au début de la conférence, a permis à chaque participant de présenter à son sous-groupe sa vision (dessinée au préalable) du post-confinement. De même, après la présentation de Meryem Le Saget sur les démarches de vision partagée, et afin de préparer le temps de questions / réponses, Jean-Philippe Poupard, animateur de cette conférence participative, a invité les participants à échanger en sous-groupe de quatre sur la question qu’ils aimeraient poser à Meryem Le Saget. Pour faciliter la récolte de questions, les participants ont pu faire l’expérience de l’utilisation de Beekast, une plateforme interactive qui permet à tous de partager sa question en temps réel.

Est-ce encore viable de se projeter à 10 ou 15 ans quand le quotidien peut changer brutalement ? Comment faire vivre une démarche de vision partagée compte tenu des changements externes et internes de l’organisation ? Quelle compatibilité entre démarche de vision partagée et démarche agile ? Comment faire émerger chez les collaborateurs l’envie de contribuer à la vision partagée quand ils ont été habitués à un système purement hiérarchique ?  Etc… Autant de questions auxquelles a répondu Meryem Le Saget en insistant sur l’importance :

  • D’une démarche portée par la direction de l’entreprise et lancée dès le début de façon remontante avec l’ensemble des parties prenantes ;
  • D’une transparence totale sur l’ensemble du processus de création et de synthèse, jusqu’à la vision finale ;
  • De la stabilité de l’équipe dirigeante et de l’équipe pilote de la démarche ;
  • De faire constamment référence à la vision pour guider les choix et inspirer l’action.

Meryem Le Saget commente également l’actualité du COVID-19. Se projeter à 10 ou 20 ans, dans le monde d’après le confinement, n’est pas illusoire, c’est plutôt sain. Sentir des besoins impératifs de transformation est un mécanisme de bonne santé dont tout organisme vivant devrait faire preuve pour ne pas se retrouver démuni en cas d’accident ou de disruption. Elle souhaite de ses vœux que cette période que nous vivons soit l’occasion de se remettre en contact avec l’essentiel, afin de pouvoir construire ensemble des solutions nouvelles.

Réussir une démarche de vision partagée  

Pour conclure cette conférence participative, Meryem Le Saget partage avec la communauté 3 conseils issus de son expérience : 

  • Commencer avec la vision collective ; éviter les visions individuelles de chacun. La dimension collective tout de suite.
  • Créer les conditions de l’expression du cœur ; établir le climat de confiance qui permettra aux personnes de partager leurs aspirations les plus profondes.
  • La profondeur d’une vision partagée est égale à la profondeur de l’ouverture multipliée par le nombre de personnes impliquées. Rester toujours conscient que le vrai travail d’une démarche de vision partagée est d’élever le niveau de conscience individuel et collectif.

Pour aller plus loin…

Formapart a d’ores et déjà annoncé l’organisation de journées d’exploration, lors desquelles des experts interviendront sur des sujets donnés, dont une à prévoir sur l’approfondissement des visions partagées. 

Merci à Meryem Le Saget pour son intervention, à Jean-Philippe Poupard pour l’animation et à Sylvie Deyon et Laurence Cillaire pour la gestion de la technique de la conférence participative.