Adapter son style de facilitation

Quel est mon style de facilitationDepuis les travaux de John Heron[1] sur les styles d’animation, nous pouvons distinguer 3 styles de facilitation :

  • Hiérarchique : le facilitateur travaille pour le groupe
  • Collaboratif : le facilitateur travaille avec le groupe
  • Autonome : le facilitateur laisse le groupe travailler

La question que nous posons ici est « quand privilégier chacun de ces styles de facilitation » ?

La séance est très courte (1 à 2 heures) et les risques de dérapages sont importants ? N’hésitez pas : prenez le feutre et mettez-vous au paperboard. Marquez le tempo, questionnez, reformulez, stimulez en orientant si besoin, valorisez la participation, faites face aux résistances, recadrez souvent, forcez la marche : vous êtes le moteur. Le mode de facilitation hiérarchique est spontanément adopté par tous ceux et celles qui souhaitent faciliter une réunion sur un sujet dans lequel ils sont impliqués, typiquement les chefs de projet, manager, coordinateur RH. Principaux inconvénients ? Si vous échouez à conduire le groupe à l’objectif, il vous tiendra pour principal responsable et il aura raison. Et si vous réussissez à plusieurs reprises, alors vous risquez fort de devenir un ancrage de réussite pour le groupe ; gare à la séparation !

Le groupe est novice en matière de processus collaboratif, la problématique à traiter est très précise et le groupe exprime le besoin d’être accompagné ? Guidez pas à pas, entretenez l’engouement, régulez les sentiments qui ont besoin d’être exprimés, rassurez et validez les étapes, vous et le groupe contribuez à dépasser les résistances. Mode hybride, vous avez encore partiellement les inconvénients du premier sans avoir les avantages du dernier. Cependant, le style collaboratif est à privilégier lors de ses premiers pas de facilitateur indépendant, car il assure une certaine sécurité quant à la maitrise du déroulé tout en accordant plus de place au groupe et en conservant un rôle consistant dans le processus créatif : c’est satisfaisant et rassurant pour soi et pour le groupe.

Enfin, le contexte est complexe, les solutions possibles sont très nombreuses et le besoin d’échanger vital ? Donnez le coup d’envoi avec les règles de fonctionnement et laissez les participants tranquilles. Ils ont à faire et sans vous ! Des interventions brèves et une présence presque invisible, cela paraît simple. Que nenni !  Cette posture requiert un discernement hors pair (notamment sur les limites et les devoirs de son intervention), une confiance absolue dans le groupe et dans le process collaboratif et une humilité vénérable (le groupe doit pouvoir s’approprier 100 % de la réussite). Le mode autonome est sans doute le mode qui contribue le plus à transformer durablement les pratiques collaboratives au sein d’une organisation. Toutefois, ce mode est souvent craint pour l’énorme chaos potentiel qu’il laisse percevoir.

Il est probable que le style qui vous paraîtrait le plus facilitant pour vous n’est pas forcément le plus approprié pour le groupe. Notre personnalité influence inévitablement notre style de facilitation, apprenons néanmoins à l’adapter en fonction du contexte et du besoin exprimé par le groupe.


[1]John Heron, The Complete Facilitator’s Handbook, Kogan Page Ltd, 1999 (à préciser que les débuts de ses travaux sur le sujet datent des années 70).